Pourquoi le LAG ?

D’une manière générale, notre objectif est double :

  • En interne : nous réunir, mettre en oeuvre des initiatives ouvertes, des réunions publiques, des débats, ciné-débats, développer nos alternatives : cantine autogérée, ateliers vélos, espaces bibliothèque, concerts, théâtre, … promouvoir un lieu de diffusion de nos expressions et de nos pratiques (la sortie du capitalisme a déjà commencé…), développer un espace de convivialité, d’échanges, de réflexions…
  • Pour l’extérieur : faire réexister l’idée d’autogestion dans le débat public. Depuis de trop nombreuses années, le mot autogestion a disparu de l’espace public. Le LAG entend le mettre à nouveau sous les feux de la rampe, au coeur du bassin minier du Pas-de-Calais, et constituer ainsi un sérieux point d’appui pour l’anticapitalisme.

Ce qui guide le LAG

On trouvera ci-dessous quelques extraits des interventions qui ont été prononcées le 20 octobre 2012, à l’occasion de l’inauguration du LAG.

Le LAG, le Lieu Auto Géré du bassin minier, c’est d’abord la possibilité de revoir le joli nom d’autogestion dans l’espace public. Le LAG, c’est donc ce lieu associatif et autogéré, ouvert par des militant-es investi-es dans des collectifs aussi divers que Politis 62, Fraternité Migrants, Fraternité Rroms, eau … secours 62, le projet PAP (Projet Agricole et Politique) et son corollaire la cantine autogérée, les objecteurs de croissance, Colère du Présent, les AMAPs, la chorale de Politis 62 et ses chants de lutte et d’espoir, etc …

Le LAG vise à permettre une plus grande autonomie locale du mouvement social et à faciliter les actions directes en offrant un lieu de rassemblement et de coordination des initiatives alternatives et des luttes sociales. C’est un lieu de convivialité où l’on peut se retrouver autour d’un verre, pour refaire un monde qui en a bien besoin.

L’autogestion, qui sous-tend le projet du LAG, consiste à assumer nos responsabilités, à nous réapproprier nos vies, à rejeter le capitalisme qui est une continuelle expropriation de nos manières de faire, de nos façons de penser, de décider et de vivre.

Le LAG est important non pas comme levier de changement des politiques gouvernementales, régionales ou locales, mais avant tout comme point de confluence des différents mouvements et collectifs dans lesquels nous sommes impliqués, comme espace où nous apprenons et nous inspirons les uns des autres. En ce sens, le LAG est sans doute un prolongement du Printemps de Politis 62, dans lequel nous avons été impliqué-es ces dernières années.

Un des traits qui nous caractérisent, c’est le Faire : concernant nos initiatives, concernant les alternatives dans lesquelles nous sommes engagé-es, nous ne demandons pas la permission, et nous ne revendiquons rien : nous faisons !

Au LAG, nous entendons mettre en oeuvre une nouvelle façon de se poser des questions et d’appréhender notre environnement. Voici par exemple des questionnements qui nous traversent :

  1. Pour changer la société, s’agit-il de défendre l’emploi, et son corollaire libéral l’employabilité, ou de combattre le travail ?
  2. Pour construire un monde nouveau, s’agit-il de défendre le pouvoir d’achat, ou de critiquer l’argent ?

Ce sont deux exemples des nombreuses questions qui nous traversent, et dont nous cherchons des éléments de réponse dans nos pratiques alternatives colelctives. À l’instar des zapatistes, nous marchons en nous interrogeant.

Le LAG entend fidéliser deux publics complémentaires :

  1. Le public politisé, investi dans des initiatives alternatives inscrites dans le changement de société.
  2. Le grand public, qui ignore jusqu’au nom d’autogestion, et qui viendra lors des initiatives ouvertes que nous proposerons, guidé par la seule envie de passer un moment sympa. En franchissant les portes du LAG, ce public peut finir par écouter un débat, acheter un bouquin, ou prendre part à un atelier pratique. Nous aurons ainsi sensibilisé à nos idées, et créé la possibilité d’engagements nouveaux.

Ainsi, le LAG ne peut devenir un but en soi. Il doit être un carrefour des luttes et des alternatives, voire un tremplin pour l’action. Nous voulons inscrire le LAG dans un processus de rupture, en faisant grandir dans la société capitaliste des formes d’auto-organisation des luttes, des rapports autogestionnaires, prêts à se substituer aux rapports capitalistes de domination et de production. Réaliser une société nouvelle, ça passe par une longue phase de contre-pouvoirs à l’occasion de laquelle nous nous auto-éduquons à la démocratie autogestionnaire.

Au final, notre projet, c’est que nos alternatives n’en soient finalement plus, et deviennent des nouvelles formes de vie.

Tout cela ne peut que nous amener à aller plus loin, et à nous interroger sur comment mettre en oeuvre l’autogestion au delà du LAG. C’est une question que nous souhaitons aborder concrètement. Il s’agit notamment d’expliciter comment on va autogérer les transports ferroviaires, la fabrication et la distribution d’énergie, etc…, et de déterminer les politiques sur lesquelles seront fondées ces activités.

Terminons en citant un propos récent de Raoul Vaneighem :

Tôt ou tard, il faudra bien que s'instaure, sur les ruines de la
tyrannie marchande, cette autogestion généralisée - quel que soit
le nom que vous lui donniez - qui jettera les bases d'une société 
véritablement humaine, une société où l'argent aura disparu, où 
l'on se servira en servant les autres, où chacun aura le loisir 
d'offrir et de s'offrir, sans aucun sacrifice.